#05 Vivian Stephens, l'éditrice noire américaine qui a révolutionné la romance
De la romance à la romancière
Je ne savais pas par où commencer dans ma quête. Le thème de la romance est si vaste, les livres nombreux et les articles se comptent par milliers.
Alors je suis allée sur le site de la RWA, la Romance Writers of America (une des premières, pour ne pas dire la première organisation du genre créée en 1980, qui met en avant le genre et accompagne les autrices de romance dans leur professionnalisation, leur écriture et leurs droits) non seulement pour (re)lire son histoire comme pour récupérer les lois du genre que les gens adorent saboter, à savoir : romance = histoire d’amour + fin heureuse.
En relisant l’histoire de la RWA, je suis retombée sur un nom trop souvent oublié.
Il y a quelques années, j’ai créé une alerte Google pour recevoir un compilé d’articles sur le sujet, et je vous avoue qu’à force de tout ranger dans mes favoris en me disant « je lirai plus tard », je me suis retrouvée avec des dizaines et des dizaines d’articles qui n’ont jamais été effleurés.
Oups ?
Mais il y a deux ans, je suis tombée sur un article de BookRiot qui parlait de Vivian Stephens. Ce nom ne te dit probablement rien, mais c’est grâce à Vivian Stephens que nous avons la romance telle que nous la lisons aujourd’hui, moderne, diverse, tolérante et… sexy.
Vivian Stephens a été éditrice pendant moins de dix ans, et pourtant, elle a totalement révolutionné le genre, non seulement par les histoires qui sont écrites comme par les personnes qui les écrivent.
C’est Vivian Stephens qui a publié les premières romances avec des protagonistes noirs, et natifs américains, et asiatiques.
C’est Vivian Stephens qui a publié les premières romances avec des protagonistes porteurs de différences.
C’est Vivian Stephens qui a publié les premières romances avec des héroïnes matures et indépendantes.
C’est Vivian Stephens qui a publié les premières romances avec des protagonistes divorcés, qui ont déjà eu une vie, des expériences.
C’est encore Vivian Stephens qui a publié les premières romances avec des scènes érotiques !
C’est Vivian Stephens qui a fondé la RWA.
Cependant, même si Stephens a totalement changé le visage de la romance, elle reste méconnue, totalement oubliée. C’est tout juste si son nom est mentionné quelque part.
Et il y a une bonne raison à cela.
Et c’est pour cette raison que j’ai ajouté « noire » au titre de cet article.
La RWA a vécu de nombreux scandales et tous ces scandales tournent autour du manque de diversité et d’inclusion, pire, de racisme.
La veille de Noël de 2019, Courtney Milan, autrice de romance américaine d’origine chinoise très populaire, a été sanctionnée par la RWA car elle a critiqué, ouvertement le racisme dans l’organisation et dans les romans mis en avant. L’ironie ? Milan faisait partie du comité d’éthique et son travail, justement, était d’en parler.
Milan a dénoncé le racisme dans une romance, et le sujet est parti de là, entre les stéréotypes jamais questionnés, la tentative de définir le genre comme hétérosexuel et le fait que jamais (en quarante ans d’existence) une romancière non-blanche ait gagné le RITA, l’Oscar de la romance.
Rita, du nom d’une des co-fondatrices, blanches, de la RWA.
Il a fallu le scandale pour qu’ils essaient de changer la donne et appellent le prix de Vivian. De la personne qui a eu l’idée pour commencer.
L’effet boule de neige est si grand que de nombreuses personnes quittent les comités et le conseil, des centaines de membres annulent leurs participations (ils sont passés de 10 000 membres à 3000), et en 2024, la RWA a déclaré faillite. Peu importent les efforts (réels ou de façades), la confiance a été perdue. Ce qui était parti d’une idée de soutien pour les romancières, est devenu un des plus grands symboles de la suprématie blanche du milieu (pas seulement en romance comme en édition en règle générale).
Avec un tel passif, entre racisme ouvert et absence de diversité, évidemment que le nom de Vivian Stephens est passé aux oubliettes. Injustement.
Je ne savais pas par où commencer dans ma plongée dans le cœur de la romance, j’ai cru me lancer avec la RWA parce qu’elle a défini le genre dès 1980, mais peut-être que je vais commencer avec Vivian Stephens et partir de là.
Après tout, je suis une femme non-blanche qui écrit des histoires avec des personnages divers, parfois porteurs de différences, avec des passés. Et en tant que femme non-blanche, je sens que nous sommes trop peu nombreuses à être mises en avant.
Mais si je suis qui je fais, et fais ce que je fais, c’est grâce à Vivian Stephens.
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👋🏽 Olá! Je suis Jo Ann von Haff, lectrice, autrice et éditrice de romance.
J’écris des histoires d’amour et d’amitié avec des personnages de tous les jours et de tous les horizons car nous méritons tous et toutes nos propres histoires d’amour.
Découvre mes romans et mes services pour romancières et maisons d’édition sur mon site www.joannv.com !