#10 Ça fait des années que 190 articles sur la romance m'attendent
De la romance à la romancière
Il y a quelques années, j’ai créé une alerte Google pour recevoir une sélection d’articles qui parlent de romance en anglophonie.
Parfois, je les lis, mais trop souvent, je les mets en favori pour les lire « plus tard ».
Mais « plus tard » n’est pas une heure dans le planning ni un jour dans le calendrier, n’est-ce pas ?
Hier, j’ai décidé de faire le tri de tous les favoris (des milliers !), de vérifier que les articles ou vidéos sont toujours en ligne (oups), que c’est toujours d’actualité, que je suis toujours intéressée, etc.
Pour écrire l’article sur Vivian Stephens, l’éditrice noire américaine qui a révolutionné la romance contemporaine, je me suis contentée de taper son nom dans ma barre de recherche que les articles poppaient.
Mais là, j’ai passé une partie de mon dimanche à ouvrir chaque lien.
190.
Et certains articles n’existaient plus.
D’un côté, ça soulage mes affaires, mais de l’autre, c’était peut-être intéressant et j’aurais dû le lire plus tôt ? Gné.
Bref.
J’ai fait le tri dans 190 articles sur la romance, sur le genre, sur les polémiques, sur l’histoire, sur la popularité, et le thème que j’aime le plus quand il s’agit de romance : son influence.
(Pour le coup, un des articles disparus disaient « les romances détruisent les relations » et je suis dégoûtée, tu n’as pas idée. XD)
Je viens de terminer l’écriture de ma 47e romance, « Comme dans une romance ».
Dans cette histoire, mon héroïne a été abandonnée à sa naissance et vit toujours dans l’orphelinat où elle a grandi. Elle y travaille désormais, s’occupe des enfants qui attendent une adoption ou leur majorité pour sortir du système.
L’orphelinat est tenu par une religieuse plutôt rigide dans sa façon de voir les choses, et il n’y a ni télévision ni internet dans le bâtiment qui est plutôt isolé de la bourgade auquel il est attaché.
Je voulais écrire cette histoire pour une myriade de raisons, mais c’était aussi une déclaration d’amour à la romance.
Mon héroïne a appris la société, les sentiments, les relations, la sexualité, le féminisme, etc., dans ces romances. Elle a appris à dire ce qu’elle pensait, ce qu’elle voulait. Elle a appris à se défendre. Elle a appris à ne pas attendre. Elle a appris à être déterminée dans ses opinions, même si cela ne l’empêche pas d’être prudente tant qu’elle n’a pas de plan B.
Mon héroïne a été volontairement coupée du monde, mais grâce aux livres (et à la radio et aux journaux), le monde est tout de même arrivé chez elle. Mais sans des héroïnes fortes et déterminées et ambitieuses, mon héroïne à moi aurait du mal à ne pas se faire écraser.
(Mon héros la trouve trop pure, par exemple, mais mon héroïne le secoue parce que c’est un cliché réchauffé de romance et elle n’a rien de pur, merci bien. Mon héros n’a rien vu venir. XD)
Pour moi, il est évident que la romance a un impact énorme sur les décisions que nous faisons dans la vie, surtout quand on commence à en lire très / trop ? jeune, et je le dis parce que c’est mon cas !
Je viens d’une famille où on ne parle pas d’amour, d’émotions, de sentiments, de sexualité, de rien ! On ne se dit même pas « je t’aime », alors bon.
C’est une des raisons pour lesquelles je trouve que les autrices de romance ont une responsabilité sur ce qu’elles racontent.
Tes personnages ont couché ensemble sans protection ? Okay. Mais gère les conséquences, parle de dépistage. Sans contraception ? Parle de pilule du lendemain.
D’habitude, en romance, la seule conséquence possible à du sexe non protégé c’est la grossesse, mais… les gens ! En 2024, un tiers des adolescents sexuellement actifs n’utilisaient ni préservatifs ni contraception (encore un article dans le lot) ! Entre le porno et les films / séries et les livres où l’absence du préservatif est une habitude, certains de ces comportements se retrouvent dans la vraie vie !
Beaucoup se fâchent en rappelant que la romance est jugée bien plus durement que le thriller, par exemple, qu’on n’a pas besoin de faire des cours pour dire que le cannibalisme c’est mal.
Mais, les gens.
D’une, je me moque du thriller (que j’aime bien lire, hein, mais ce ne sont pas mes affaires XD).
De deux, bé… même en thriller, les antagonistes sont poursuivis par les conséquences de leurs actes. Même s’ils ne sont pas rattrapés, on sait que c’est mal parce que TOUTES LES FORCES DE L’ORDRE LES POURSUIVENT. Est-ce qu’on a besoin d’un dessin plus graphique à ce sujet ?
Mais en romance, le sexe sans protection ni conception, ça fait des bébés (qu’on garde, forcément), mais jamais des IST / MST. Jamais.
Dans mes antisèches, « Construis ta romance sans plan » ou « Révolutionne ta romance sans peur », je mets en avant la responsabilité des autrices de romance. Personne ne dit (moi la dernière) qu’il faut absolument remettre le préservatif dans le tiroir de la table de chevet. J’aime les histoires réalistes et le réalisme fait que, effectivement, parfois, les gens ne se protègent pas. Mais qu’on parle au moins des conséquences. Qu’on parle au moins de ce qui se passe par la suite.
Et puis, à mon sens, une scène de dépistage (ou juste le fait d’en parler) peut devenir une scène clé dans la romance. C’est un moment où les personnages prennent les choses au sérieux, et peut-être qu’ils vont devenir exclusifs / monogames. C’est un moment où on montre de façon très explicite l’évolution de la relation, qui peut passer de la simple aventure à une relation amoureuse, c’est un moment de complicité, de sérieux, et même d’amour.
Sérieusement, les gens. Ne lésine pas sur ces moments.
La romance en particulier et la fiction en général a un réel impact sur les gens et la société par extension. Les femmes exigent mieux d’une relation. Exigent mieux pour elle. Elles préfèrent être seules que de vivre dans des relations inégales et/ou malsaines et/ou négligentes. Elles préfèrent être seules et en vie, plutôt que dans une relation dans la vraie vie qui peut mal se terminer parce que « trop passionnel ».
La romance a de l’influence sur la société, et de tous les thèmes que je pourrais aborder, celui-là est sans doute mon préféré…
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👋🏽 Olá! Je suis Jo Ann von Haff, lectrice, autrice et éditrice de romance.
J’écris des histoires d’amour et d’amitié avec des personnages de tous les jours et de tous les horizons car nous méritons tous et toutes nos propres histoires d’amour.
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